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Pétillez comme les fines bulles de champagne
(Destination, Le magazine de Val
d'Europe, numéro 7 automne-hiver 2009)
La légende du champagne trouverait son
origine le jour de Noël. Dans une cathédrale, à Reims, en 496. Cette cérémonie
a marqué l’histoire de France. C’était le baptême d’un célèbre roi mais
aussi la célébration de la liberté de notre pays. Aujourd’hui, le champagne
accompagne toujours les moments de joie et de bonheur… sur les cinq continents.
Les origines du champagne remontent aux
Romains. Ils ont, en effet, introduit la culture de la vigne en Champagne car
ils avaient remarqué la spécificité de ce terroir : climat océanique de
transition, sous-sol crayeux et relief de coteaux. L’histoire du champagne n’a
cessé d’accompagner l’Histoire de France. Il semblerait apparaître à l’occasion
du baptême de Clovis, Roi des Francs, en 496. Clovis vient de défaire
successivement les Romains (Bataille de Soissons), les Wisigoths (490) puis les
Alamans (496) pour libérer et unifier le Nord de la Gaule. Il choisit alors de
se convertir au catholicisme. Il veut, en effet, remercier le Dieu de son
épouse Clothilde car c’est après l’avoir imploré qu’il gagna la bataille de
Tolbiac contre les Alamans. L’évêque Rémi de Reims le baptise en lui disant
“Courbe la tête, fier Sicambre (1). Adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu
as adoré.” De ce jour de baptême, le champagne devient le vin des sacres. De
898 à 1825, tous les rois de France sont sacrés à Reims et le champagne coule à
flots. Les cours royales en raffolent. La marquise de Pompadour a d’ailleurs
coutume de dire que “le Champagne est le seul vin que la femme peut boire sans
s’enlaidir”.
Pour certains, le champagne s’impose même
comme une conclusion de leur parcours. En 1793, alors qu’il est emprisonné à la
Conciergerie et attend de comparaître devant le tribunal révolutionnaire,
Philippe d’Orléans souhaite profiter de ses derniers instants en dégustant
quelques bouteilles de champagne. Au XXe siècle, l’écrivain américain
Truman Capote s’inscrira dans cette lignée en écrivant que “Pour se
moquer de la mort, rien ne vaut une coupe de champagne.”
D’où viennent les bulles ?
Le champagne n’a pas toujours été le vin
pétillant que nous connaissons aujourd’hui. Ce n’est qu’à la fin du XVIIe
siècle que les bulles apparaissent. Comme un certain nombre de
découvertes, l’effervescence du champagne résulterait du hasard mais cela reste
à prouver. On attribue, en effet, au moine bénédictin Dom Pérignon la paternité
insolite des bulles. Il aurait, en effet, cherché à rendre plus propre et
esthétique la fermeture des bouteilles. Pour cela, il décide de couler de la
cire d’abeille dans le goulot des bouteilles mais la rétention du gaz
carbonique provoque quelques semaines plus tard une explosion des bouteilles.
Aujourd’hui, des scientifiques et des historiens contestent cette version
poétique mais ils n’effaceront jamais le nom de Dom Pérignon de l’histoire du
champagne.
La revanche d’un terroir et des hommes
La réussite d’un vin repose sur trois
éléments : la qualité du sol, l’ensoleillement et le talent des hommes. Si la
nature des sols champenois, en majorité calcaire, favorise le drainage des
sols, la région ne bénéficie pas de conditions d’ensoleillement
exceptionnelles. Et c’est là qu’intervient le talent des hommes pour compenser
cette faiblesse. Là encore, nous retrouvons le père Pérignon à qui l’on
attribue notamment l’élaboration des vins blancs à partir de raisins noirs. Il
édicte des principes très rigoureux quant à la sélection des raisins : “On ne
cueille pas indistinctement les raisins, ni à toutes les heures du jour, mais
on choisit les plus mûrs et les mieux azurés. Les meilleurs sont ceux dont les
grains ne sont pas serrés, et qui sont même un peu écartés, parce qu’ils mûrissent
parfaitement. Ceux-là font le vin le plus exquis.” Les Maisons de Champagne
sont à l’origine de la notoriété et du prestige des vins de Champagne dans le
monde. Leur talent réside dans l’élaboration de cuvées qui reflètent de façon
immuable le style caractéristique de chaque marque par l’assemblage de cépages,
de crus et de millésimes (2). Le champagne est constitué de trois cépages
que l’on assemble car chacun a son caractère : la puissance pour le pinot noir,
le fruité pour le pinot meunier et la finesse pour le chardonnay. Il arrive
parfois d’élaborer des champagnes avec un seul cépage : le champagne blanc de
blanc, issu du seul chardonnay ou les blancs de noirs issus uniquement des
cépages rouges (les pinots). Lorsque les années sont exceptionnelles, le
champagne est millésimé. Dans ce cas, le vin doit vieillir au moins pendant
trois ans.
Sucré ou pas sucré ?
Le champagne se décline en différentes
familles selon le dosage de sucre résiduel présent dans le vin. Le plus
consommé est le champagne brut qui est faiblement sucré (moins de 15
grammes/litre). Il existe un champagne encore moins sucré : l’extra-brut qui
oscille entre 0 et 6 grammes/litre. Si vous préférez les champagnes plus doux
(idéaux pour les desserts), vous avez le choix entre l’extra dry (12 à 20
grammes), le sec (entre 17 et 35 grammes), le demi-sec (de 33 à 50 grammes) et
le doux (plus de 50 grammes). Les Champenois ont à cœur de défendre
l’originalité de leurs vins (4) . L’Appellation d’Origine Contrôlée
Champagne est née en 1927. Elle couvre une zone de production de 34 000
hectares et s’étend sur 5 départements : la Marne (67 % du vignoble total)
(5) , l’Aube (22 %), l’Aisne, la Haute-Marne et la Seine-et-Marne (11 %).
Toutefois, la culture de la vigne se concentre principalement autour de Reims
et d’Epernay. Pour obtenir l’AOC, les vins de champagne doivent provenir
exclusivement de ce vignoble et être transformés sur place dans des locaux
recevant uniquement des vins de champagne.
Winston Churchill, Orson Welles… et
l’art de la dégustation
Le champagne est devenu un plaisir
universel. Les Anglais le surnomment ‘le vin bouillonnant’ et l’un des plus
célèbres d’entre eux a même donné son nom à un champagne de légende. Sir
Winston Churchill, en effet, était un fidèle consommateur des champagnes Pol
Roger. “Mes goûts sont simples. Je me contente aisément de ce qu’il y a de
meilleur”, avait pour habitude de dire Churchill. En hommage au charismatique
homme politique britannique, la Maison Pol Roger a créé en 1975 la cuvée Churchill,
l’un des meilleurs champagnes au monde. Le grand scénariste et réalisateur
américain Orson Welles, lui, avait une vision très précise (et très juste) de
la vie et du champagne : “Il y a trois choses, dans la vie, que je ne supporte
pas : le café brûlant, le champagne tiède et les femmes froides”. Pour éviter
ces mauvaises surprises, quelques conseils s’imposent. Le champagne doit être
servi entre 6 et 8 °C. Servez les ‘jeunes’ plus frais que les ‘vieux’. Ne
stockez jamais votre champagne dans le congélateur. Avant la dégustation,
placez-le pendant 20 minutes dans un seau à glace ou bien dans le bas de votre
réfrigérateur pendant 4 heures. Préférez les flûtes aux coupes car la surface
évasée des coupes laisse échapper l’effervescence du champagne trop vite et
accélère l’oxydation. Ensuite, savourez et appréciez avec modération.
(1) Nom d’une tribu germanique à l’origine
des Francs
(2) www.umc.fr
(3) Cultivés sur 312 communes et seules 17
produisent des AOC Champagne Grand Cru.
(4) Le monde du champagne
rassemble 15 000 exploitants viticoles, 150 coopératives et plus de 200
négociants.
(5)
www.tourisme-en-champagne.com
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