dimanche 4 mars 2012

Lire en Français. Numéro 1


Lire en Français. Numéro 1.

Pétillez comme les fines bulles de champagne
(Destination, Le magazine de Val d'Europe, numéro 7 automne-hiver 2009)

La légende du champagne trouverait son origine le jour de Noël. Dans une cathédrale, à Reims, en 496. Cette cérémonie a marqué l’histoire de France. C’était le baptême  d’un célèbre roi mais aussi la célébration de la liberté de notre pays. Aujourd’hui, le champagne accompagne toujours les moments de joie et de bonheur… sur les cinq continents.

Les origines du champagne remontent aux Romains. Ils ont, en effet, introduit la culture de la vigne en Champagne car ils avaient remarqué la spécificité de ce terroir : climat océanique de transition, sous-sol crayeux et relief de coteaux. L’histoire du champagne n’a cessé d’accompagner l’Histoire de France. Il semblerait apparaître à l’occasion du baptême de Clovis, Roi des Francs, en 496. Clovis vient de défaire successivement les Romains (Bataille de Soissons), les Wisigoths (490) puis les Alamans (496) pour libérer et unifier le Nord de la Gaule. Il choisit alors de se convertir au catholicisme. Il veut, en effet, remercier le Dieu de son épouse Clothilde car c’est après l’avoir imploré qu’il gagna la bataille de Tolbiac contre les Alamans. L’évêque Rémi de Reims le baptise en lui disant “Courbe la tête, fier Sicambre (1). Adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré.” De ce jour de baptême, le champagne devient le vin des sacres. De 898 à 1825, tous les rois de France sont sacrés à Reims et le champagne coule à flots. Les cours royales en raffolent. La marquise de Pompadour a d’ailleurs coutume de dire que “le Champagne est le seul vin que la femme peut boire sans s’enlaidir”.

Pour certains, le champagne s’impose même comme une conclusion de leur parcours. En 1793, alors qu’il est emprisonné à la Conciergerie  et attend de comparaître devant le tribunal révolutionnaire, Philippe d’Orléans souhaite profiter de ses derniers instants en dégustant quelques bouteilles de champagne. Au XXe  siècle, l’écrivain américain Truman Capote s’inscrira dans cette lignée en écrivant que  “Pour se moquer de la mort, rien ne vaut une coupe de champagne.”

D’où viennent les bulles  ?
Le champagne n’a pas toujours été le vin pétillant que nous connaissons aujourd’hui. Ce n’est qu’à la fin du XVIIe  siècle que les bulles apparaissent. Comme un certain nombre de découvertes, l’effervescence du champagne résulterait du hasard mais cela reste à prouver. On attribue, en effet, au moine bénédictin Dom Pérignon la paternité insolite des bulles. Il aurait, en effet, cherché à rendre plus propre et esthétique la fermeture des bouteilles. Pour cela, il décide de couler de la cire d’abeille dans le goulot des bouteilles mais la rétention du gaz carbonique provoque quelques semaines plus tard une explosion des bouteilles. Aujourd’hui, des scientifiques et des historiens contestent cette version poétique mais ils n’effaceront jamais le nom de Dom Pérignon de l’histoire du champagne.

La revanche d’un terroir et des hommes
La réussite d’un vin repose sur trois éléments : la qualité du sol, l’ensoleillement et le talent des hommes. Si la nature des sols champenois, en majorité calcaire, favorise le drainage des sols, la région ne bénéficie pas de conditions d’ensoleillement exceptionnelles. Et c’est là qu’intervient le talent des hommes pour compenser cette faiblesse. Là encore, nous retrouvons le père Pérignon à qui l’on attribue notamment l’élaboration des vins blancs à partir de raisins noirs. Il édicte des principes très rigoureux quant à la sélection des raisins : “On ne cueille pas indistinctement les raisins, ni à toutes les heures du jour, mais on choisit les plus mûrs et les mieux azurés. Les meilleurs sont ceux dont les grains ne sont pas serrés, et qui sont même un peu écartés, parce qu’ils mûrissent parfaitement. Ceux-là font le vin le plus exquis.” Les Maisons de Champagne sont à l’origine de la notoriété et du prestige des vins de Champagne dans le monde. Leur talent réside dans l’élaboration de cuvées qui reflètent de façon immuable le style caractéristique de chaque marque par l’assemblage de cépages, de crus et de millésimes (2). Le champagne est constitué de trois cépages  que l’on assemble car chacun a son caractère : la puissance pour le pinot noir, le fruité pour le pinot meunier et la finesse pour le chardonnay. Il arrive parfois d’élaborer des champagnes avec un seul cépage : le champagne blanc de blanc, issu du seul chardonnay ou les blancs de noirs issus uniquement des cépages rouges (les pinots). Lorsque les années sont exceptionnelles, le champagne est millésimé. Dans ce cas, le vin doit vieillir au moins pendant trois ans.

Sucré ou pas sucré ?
Le champagne se décline en différentes familles selon le dosage de sucre résiduel présent dans le vin. Le plus consommé est le champagne brut qui est faiblement sucré (moins de 15 grammes/litre). Il existe un champagne encore moins sucré : l’extra-brut qui oscille entre 0 et 6 grammes/litre. Si vous préférez les champagnes plus doux (idéaux pour les desserts), vous avez le choix entre l’extra dry (12 à 20 grammes), le sec (entre 17 et 35 grammes), le demi-sec (de 33 à 50 grammes) et le doux (plus de 50 grammes). Les Champenois ont à cœur de défendre l’originalité de leurs vins  (4) . L’Appellation d’Origine Contrôlée Champagne est née en 1927. Elle couvre une zone de production de 34  000 hectares et s’étend sur 5 départements : la Marne (67 % du vignoble total)  (5) , l’Aube (22 %), l’Aisne, la Haute-Marne et la Seine-et-Marne (11 %). Toutefois, la culture de la vigne se concentre principalement autour de Reims et d’Epernay. Pour obtenir l’AOC, les vins de champagne doivent provenir exclusivement de ce vignoble et être transformés sur place dans des locaux recevant uniquement des vins de champagne.
Winston Churchill, Orson Welles…  et l’art de la dégustation

Le champagne est devenu un plaisir universel. Les Anglais le surnomment ‘le vin bouillonnant’ et l’un des plus célèbres d’entre eux a même donné son nom à un champagne de légende. Sir Winston Churchill, en effet, était un fidèle consommateur des champagnes Pol Roger. “Mes goûts sont simples. Je me contente aisément de ce qu’il y a de meilleur”, avait pour habitude de dire Churchill. En hommage au charismatique homme politique britannique, la Maison Pol Roger a créé en 1975 la cuvée Churchill, l’un des meilleurs champagnes au monde. Le grand scénariste et réalisateur américain Orson Welles, lui, avait une vision très précise (et très juste) de la vie et du champagne : “Il y a trois choses, dans la vie, que je ne supporte pas : le café brûlant, le champagne tiède et les femmes froides”. Pour éviter ces mauvaises surprises, quelques conseils s’imposent. Le champagne doit être servi entre 6 et 8 °C. Servez les ‘jeunes’ plus frais que les ‘vieux’. Ne stockez jamais votre champagne dans le congélateur. Avant la dégustation, placez-le pendant 20 minutes dans un seau à glace ou bien dans le bas de votre réfrigérateur pendant 4 heures. Préférez les flûtes aux coupes car la surface évasée des coupes laisse échapper l’effervescence du champagne trop vite et accélère l’oxydation. Ensuite, savourez et appréciez avec modération.

(1) Nom d’une tribu germanique à l’origine des Francs
(2)   www.umc.fr
(3) Cultivés sur 312 communes et seules 17 produisent des AOC Champagne Grand Cru.
(4)   Le monde du champagne rassemble 15 000 exploitants viticoles, 150 coopératives et plus de 200 négociants.
(5)   www.tourisme-en-champagne.com

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